Blanc… blanc et rouge, à perte de vue… La neige teintée de sang illuminée par la pleine lune était le théâtre d’un affrontement long et éreintant opposant le Fléau infini et une escouade de la Horde, fatiguée et mourante. Hotaï était dans cette escouade, ils étaient parti à vingt, menés par le capitaine Sang D’Ymir qui gisait ) présent au milieu d’un charnier neigeux. Une semaine dont deux jours sans vivres que Tai et ce qui désormais était ses hommes se battaient contre les squelettes et autres goules.
Les blessures des combattants étaient pour la plupart superficielles mais pour la plupart étranges… de couleurs variés et bien souvent, les squelettes s’acharnaient à planter leurs os dans leurs chairs de façon faible et ridicule. Bien qu’il fut impossible aux soldats de les retirer leurs de leurs temps de repos. Repos qu’il prenait au pied d’un gros bloc de pierre planté à la verticale dans la toundra gelée. Ils attendaient de l’aide, leur état se détériorant à chaque assaut des horreurs mortes. A chaque bataille, ses morts et ses pleurs. Le morale était au plus bas et le tauren dût exécuter un elfe devenu fou à la perte de son bras et qui menaçait de tuer tout le monde. Tai était bien le seul à ne pas désespérer, bien que d’habitude plutôt pragmatique et pessimiste, cette fois il savait qu’il ne devait pas perdre la face, si lui échouait, tout le monde échouerait.
Revenons donc à notre combat nocturne. Les guerriers se battaient depuis deux heures et beaucoup tombaient, diminuant à chaque fois le maigre espace praticable autour du Rocher. L’assaut était étrangement plus long qu’à l’habitude et le bovin alcoolique et ses quatre derniers combattants se demandaient si cela allait cesser un jour. Tai était hérissé d’os de squelettes, blessures récentes ou non, lui et ses hommes ressemblaient à des dés à coudre dont les aiguilles seraient blanchâtres.
Les forces du Fléau commencèrent à se disloquer, comme l’armure de Tai et étrangement trois des soldats… Une abomination approchait et sur son dos se tenait, fière et cruelle, une liche. La diminution des goules étaient en effet plus due à l’appétit du monstre qu’aux efforts de Hotai et de son dernier coéquipier, même si celui-ci venait de terminer le dernier squelettes d’un coup de tête bien senti… c’était un orc qui avait une certaine classe.
C’était à présent du deux contre deux… vision simpliste de l’équité car du côté Rocher, nous avons un orc se battant à mains nues et un tauren à l’armure dévastée et en manque de bière ( ce qui peut vraiment faire peur à l’adversaire ) agitant de façons obscène son épée rouge et verte du sang de ses adversaires. Et cette fière équipe se bat contre une abomination dopée à la goule et une liche hystérique.
Personne ne comprit vraiment quand le combat commença ni ce qui se passa, mais Taï avait , proprement balancé l’orc qui en percutant la liche, s’accrocha au cou de l’abomination et, folie ou courage, lui taillada à coup de dents métalliques acérées. Le tauren n’étant jamais bien loin lors des scènes de sauvagerie de ce genre, sortit les boyau du monstre avec sa lame et les projeta en l’air avant de beugler triomphalement. Il ne s’était pas rendu compte que son dernier compagnon était mort en avalant un bout toxique de l’abomination et se rua sur la liche hilare.
Avant d’entamer son coup, il sentit les os plantés dans sa nuque lui brûler. Il s’arrêta juste devant la liche et, regardant le sol, s’aperçut que tout ses hommes avaient des tibia, des cubitus et des fémurs enfoncés profondément dans différentes parti du corps. Il comprit la triste évidence. Alors, tournant le dos au chef des zombis, il se posta devant le rocher, planta son épée dans le sol, prit le dernier morceau du tabard du Lotus dans sa main et murmura :
« Finalement, j’aurais dû rester avec vous… Enfin, je reviens…Z’avez était ma seule famille… Merci… »
Sur ces sympathiques paroles, il regarda une dernière fois la Lune et sentit alors tous le calcium au dessus de sa peau lui pénétrer les articulations, les nerfs, les organe alors que la liche faisait un petit mouvement de poignet. Il ne bougea plus, restant planté au milieu du charnier gelé.
Une demi heure après, une forme se déplaça et se plaça juste devant le corps inerte du fier guerrier. Un massif et vieux tauren en armure lourde dit d’une voix profonde et éraillé :
-« Tu as toujours été… faible… mon fils… »
Le sympathique paternel claqua des doigts et des lettres flamboyantes gravèrent sur le menhir ces mots :
« Ici repose Hotai, guerrier du Clan Lame-En-Feu, mort pour la Horde. Ses dernières pensées furent pour sa « seule famille ». »
Le vieillard tourna le dos et s’enfonça dans les ténèbres. Un flocon de neige se posa sur l’œil éteint de Taï.
